Notions de choix et de contrôle en entraînement


Octobre 2024 - temps de lecture ~ 3 min

L’univers de l’entraînement amorce un nouveau virage. C’était, d’ailleurs, en partie la thématique du webinaire de l’EAZA du 21 octobre dernier dont je souhaitais vous parler.

Si l’angle d’attaque pris lors de ce webinaire par le Dr Marieke Cassia Gartner, directrice du bien-être animal au Zoo d’Atlanta, était davantage celui du bien-être animal en général, il mettait en avant deux notions cruciales que l’on retrouve également en entraînement : la notion de choix et la notion de contrôle.

La notion de choix

Le choix peut être défini comme « le fait d’avoir des options », « Se décider entre deux ou plusieurs partis ou plusieurs solutions » (dictionnaire Le Robert, 2024), ce qui n’est pas forcément un indicateur de bien-être. 

En effet, si le choix se réduit à seulement deux options, peut-on réellement parler de choix ? Quel est le degré de liberté que l’on peut exercer ? Par exemple, si votre choix se résumait à aller travailler à la mine dans des conditions difficiles pour gagner un salaire ou mourir de faim, auriez-vous réellement le choix ?

C’est ce qu’avance Israël Goldiamond (1976). Pour lui, le degré de liberté se mesure par le nombre d’option -1. Si vous avez la possibilité de travailler à la mine (1) ou de garder des moutons (1) pour gagner votre vie alors : 2 options – 1 = 1 degré de liberté. Si votre seule possibilité de gagner votre vie est d’aller à la mine (1) alors : 1 option – 1 = 0 degré de liberté.

Pour ceux qui souhaite aller plus loin, vous pouvez lire « Expanding the Behavior – Analytic meanings of « Freedom » : the Contribution of Israël Goldiamond » (R. Cardinali De fernandes, Alexandre Ditrich, 2018).

Faisons le parallèle avec l’entraînement. Si pour obtenir le renforçateur la seule option est de réaliser le comportement (1) alors : 1 option – 1 = 0 degré de liberté… Ainsi la question réelle à se poser est : l’animal a-t-il finalement réellement le choix lorsqu’on travail en entraînement, y compris en renforcement positif ? 

Aïe ! Oui, je le reconnais, quand on commence à creuser cette réalité, elle pique un peu ! Mais, bonne nouvelle ! Il existe des solutions pour augmenter le degré de liberté en entraînement. Je vous encourage à approfondir ses notions et ouvrir vos horizons en lisant notamment le très bon article d’Iris Castaing sur la porte de sortie dont je vous mets le lien ci-dessous :

https://muzoplus.fr/blog/sante-soins/la-porte-de-sortie-comment-donner-un-degre-de-liberte-acceptable-a-nos-animaux-lors-de-lentrainement/

La notion de contrôle

La seconde notion évoquée dans le webinaire est celle du contrôle qui peut être défini comme « la capacité de produire de manière prévisible les résultats souhaités, d'être la cause qui initie un effet attendu... lié à l'autonomie » (Englund & Cronin, 2023).

Que l’on parle de faune exotique en captivité ou de nos animaux domestiques, les opportunités de contrôle qu’ils ont peuvent être assez faibles. Nous choisissons pour eux le moment où il mange, les heures de sortie ou de balade, les activités, etc. 

Pourtant, le fait d’avoir du contrôle sur les évènements est un des piliers du bien-être. Notre capacité à éviter ce qui nous est désagréable ou obtenir ce que l’on désire va avoir une influence directe sur nos émotions et notre perception d’une situation.

Encore une fois, faisons le parallèle avec l’entraînement. Lorsqu’un animal ne réalise pas le comportement souhaité et qu’on redonne plusieurs fois la commande, ou lorsqu’il veut quitter sa position lors d’un soin et qu’on lui dit « non », quel est son degré de contrôle sur la situation ? Très faible en réalité…

Encore une fois, il existe de nombreuses manières d’offrir plus de contrôle aux animaux en entraînement. Les « start & stop » en font partie, ou par exemple en privilégiant la désensibilisation active plutôt que la passive.

Une histoire d'équilibre

J’en vois déjà venir certains et crier au blasphème ! Bien sûr, il y a quand même certaines limites. Si vous proposez à un enfant de manger des haricots verts ou des frites, il choisira toujours les frites et mettra sa santé en danger.

La clé est indéniablement de trouver un équilibre entre ces notions. Nous pouvons favoriser le bien-être de nos animaux en incluant plus de choix et de contrôle dans notre gestion quotidienne ainsi que dans nos entraînements.